Deux mille biouz zounous au-dessus de vos têtes (et c'est pas des blagues !)

Salut à tous,

C'est Elie qui vous parle. Voici le récit d'une matinée pas banale du tout... mais alors pas du tout.

Ce mercredi 6 mars 2013, alors que je sors du collège (à onze heures -excusez du peu-, comme tous les mercredis), je me dirige, non pas vers les Artaillauds (où je vais observer tous les mercredis entre 11h et midi), mais vers la Vieille-Ville, pour tenter d'y observer -de loin- un Grand-duc* que nous avons vu la veille, avec la LPO de Briançon**. La bestiole est tellement difficile à repérer, aux jumelles, son plumage imitant à la perfection les rochers de son environnement naturel (mais son dortoir diurne est situé à peu de chose près toujours au même endroit, ce qui facilite la recherche) que je ne sais même pas si la "chose" à côté du tronc d'arbre est... lui... ou pas. On va donc dire chou blanc pour aujourd'hui, je reviendrai une autre fois. Si la "chose" à côté du tronc a bougé, c'est que c'était lui. Si elle ne s'est pas déplacée, alors... soit c'est lui soit ce n'est pas lui... Vous imaginez un peu comme c'est compliqué, la recherche du Grand-duc.

A noter la présence d'un groupe d'environ 250 Chocards à bec jaune juste à côté de moi.

Mais assez parlé de ce splendide rapace nocturne. Passons à des choses beaucoup plus étranges...

Je redescends donc sur la Place Blanchard (pour les ignorants, la Place Blanchard est le parking au pied de la Grande Gargouille. Pour les doubles ignorants, la Grande Gargouille est la grande rue qui monte -ou descend- à travers la Vieille-Ville. Pour les très gros ignorants la Vieille-Ville est la Vieille-Ville de Briançon) et je m'aperçois soudain que c'est une cacophonie de cris bien connus au-dessus de ma tête !

Cinq à six grands groupes de Chocards tournoient dans le ciel. Ni une, ni deux, je mets à exécution la première partie de ma méthode de comptage révolutionnaire -quoique un peu longue (voir l'article "Invasion de drapeaux belges volants à Briançon : 753 individus prennent la fuite sous la pression d'un paparazzi"). Je prends des photos générales de chaque groupe.

J'observe un "essaim" de chocards au-dessus de ma tête, deux au-dessus de la Vallée de la Cerveyrette, deux au-dessus du Fort des Têtes, et un énorme au-dessus de la Vallée de la Durance. Plus un autre que je n'ai pas pu photographier.

Une fois arrivé à la maison, je m'attelle à la lourde tâche du comptage des chocards. Et ce n'est pas une mince affaire, croyez-moi. Il faut gommer chaque oiseau compté (pour ne pas le recompter plusieurs fois, vous savez, comme Gaston Lagaffe et ses bouteilles de champagne...). Et additionner les totaux à chaque fois qu'une photo est terminée (car j'ai pris chaque groupe sur des clichés différents, vous vous en doutez).

J'ai retapé l'addition plusieurs fois sur ma calculette parce que je n'arrivais pas à le croire moi-même. Le précédent record (qui était de 753 individus au-dessus de chez moi, il y a quelques semaines... établi par moi-même) est largement dépassé, battu à plate couture !

Ce ne sont pas 800, ni 900, ni même 1000, mais 1454 Chocards à bec jaune ! Oui, vous avez bien lu : Mille quatre cents cinquante quatre !

Au moment précis où j'ai vu le chiffre s'afficher sur l'écran de mon engin, j'ai ouvert des yeux grands comme des soucoupes.

"-Je suis zinzin !", comme disait Louis de Funès dans Oscar.

Et encore, je n'ai pas ajouté : les 250 individus que j'ai observés lorsque je cherchais le Grand-duc, la centaine d'autres "résidents hivernaux permanents" de la Vieille-Ville et l'autre groupe que je n'ai pas pu compter... et les quelques individus manquants sur les photos...

Ce qui nous amène donc à un total de, grosso-modo 2000 Chocards (un deux et trois zéros derrière). Ben oui, ça fait beaucoup...

Nous en parlions il y a quelques jours avec M. Polloni, professeur d'histoire-géo (et qui me fournit des descriptions parfaites de ses oiseaux inconnus... ça fait du bien lorsqu'on peut donner un nom à l'oiseau tout de suite...), et la "conclusion est sans appel" : le comportement hivernal des Chocards à bec jaune a changé cette année. Pourtant, l'enneigement n'est pas exceptionnel... ni les températures.

"- Et ben dites-donc !...", comme dirait Bernard Blier (incarnant l'inspecteur Ducros) dans le film Jo...

*Par souci de dérangement, le nom exact du lieu n'est pas donné.

**Tiens, quelle belle idée j'ai là : pourquoi vous n'y adhériez pas ?

Ah, oui, encore une précison : "biouz zounou" est le nom du Chocard à bec jaune en patois savoyard, et qui signifie "pif jaune". A ne pas confondre avec son cousin le Crave à bec rouge (!), ou "biouz rouzou" !